À seulement 31 ans, Assana Bakayoko est devenue une figure emblématique du combat pour les droits des personnes handicapées en Côte d’Ivoire. Atteinte d’albinisme, cette jeune femme n’a jamais cessé de poursuivre ses rêves, malgré les nombreux obstacles qui se sont dressés sur son chemin.
Assana rêvait de devenir journaliste et présentatrice télévisée. Cependant, les préjugés et les discriminations liées à son handicap l’ont empêchée de réaliser pleinement son ambition. « La société ivoirienne n’était pas prête à voir une albinos sur les écrans », explique-t-elle, évoquant les remarques désobligeantes qu’elle a reçues au début de sa carrière.
Un rêve d’enfant réalisé malgré tout
Malgré ces défis, Assana n’a jamais abandonné son rêve. Son courage et sa persévérance ont fini par porter leurs fruits. Le 3 décembre dernier, elle a co-présenté le journal télévisé de 20 heures sur NCI, une chaîne de télévision privée en Côte d’Ivoire. « C’était un moment historique », se souvient-elle avec émotion. Ce fut une occasion unique pour elle de montrer qu’une personne atteinte d’albinisme pouvait exceller à l’écran, un pas de plus dans son combat contre les stéréotypes et les discriminations.
Un parcours inspirant de résilience
Assana Bakayoko ne se définit pas uniquement par son rêve de journalisme, mais également par sa carrière professionnelle. Titulaire d’un Master 2 en Comptabilité et Finance, elle occupe aujourd’hui le poste de Sous-Directrice chargée de la Jeunesse, des Sports et Loisirs au sein du District Autonome des Lacs.
Son parcours a été semé d’embûches, mais grâce à une forte volonté et au soutien indéfectible de sa famille, Assana a surmonté les difficultés imposées par son handicap dès son plus jeune âge. « Dans notre famille, nous avions déjà l’expérience de l’albinisme, car ma grande sœur en est également atteinte », explique-t-elle. « Cela a rendu les choses plus faciles à la maison, mais la véritable bataille se jouait à l’école et dans la société. »
Les défis de l’éducation pour une personne albinos
Assana revient sur son enfance et raconte à quel point les premières années de scolarité ont été difficiles. « Le primaire a été une période extrêmement compliquée pour moi. Je ne pouvais ni voir de loin ni de près, ce qui m’obligeait à me lever sans cesse pour recopier mes leçons au tableau », se souvient-elle. « Mes camarades se plaignaient souvent parce que je bloquais leur vue, et cela m’a profondément affectée. »
C’est en classe de CE1 qu’elle a véritablement pris conscience de son handicap et des difficultés qui en découlaient. Ne pouvant lire correctement, sa mère l’aidait souvent à recopier ses leçons. Malgré ces obstacles, Assana a persévéré et a réussi à franchir cette étape cruciale grâce au soutien de sa famille.
Le collège : une étape plus sereine
Au collège, les choses se sont légèrement améliorées pour Assana. Les cours dictés lui permettaient de suivre plus facilement, et elle a pu compter sur l’aide de ses enseignants et camarades. « Je partageais mon banc avec ma cousine, et cela m’a grandement aidée. Grâce à mes bonnes notes, les professeurs me permettaient de copier leurs fiches », raconte-t-elle.
Un handicap, mais pas de limites
La plus grande frustration d’Assana aujourd’hui reste le fait de porter des lunettes sans pouvoir voir normalement. « Les lunettes devraient m’aider à mieux voir, mais elles ne corrigent pas totalement ma vision. C’est un défi quotidien que je continue de surmonter. »
Assana Bakayoko est un exemple de résilience et de courage pour les personnes handicapées en Côte d’Ivoire et ailleurs. Son histoire est un puissant rappel que, malgré les préjugés, il est possible de réaliser ses rêves et d’inspirer les autres à travers la détermination et la persévérance.